Petites chroniques périgourdines

Le château de Duras : de la forteresse imprenable au château d’agrément

Château de Duras - ©Mcweb

La dernière sortie « Patrimoine » 2017-2018 de l’Université du Temps Libre (UTL) de Bergerac nous a conduit à la limite de la Dordogne, à Duras en Lot-et-Garonne. Après une visite gourmande à la chocolaterie artisanale « Maison Guinguet », la culture a repris ses droits et nous avons découvert, dans le cadre d’une visite guidée, le château de Duras.

Situé sur un éperon rocheux, le château de Duras domine la belle vallée du Dropt, il a fier allure ainsi juché sur son promontoire. Cette position stratégique en a fait un acteur majeur de l’histoire au cours des siècles. Château défensif puis demeure d’agrément, sa visite nous fait traverser la grande et la petite histoire, les conflits majeurs du moyen-âge et les années plus paisibles.

La vallée de la Dropt vue depuis le château de Duras

La vallée du Dropt depuis le château de Duras – ©Gaby24

Origine du château de Duras

Il est fait mention dans certains documents d’un premier château construit au cours du XIIème siècle par  par Guillaume Amanieu, vicomte de Besaume, de Benauges et de Gabardan. Une analyse archéologique du bâti et des sondages effectués dans la cour du château n’ont pas permis de trouver des vestiges antérieurs au XIIIème siècle. Ce premier château a donc été édifié ailleurs sur le site, peut-être à l’extrémité nord-ouest de l’éperon.

En 1254, Henri III, roi d’Angleterre et duc d’Aquitaine, à la suite d’une révolte des seigneurs gascons, saisit les vicomtés de de Besaume et de Benauges  et les transmets à son fils le futur Edouard Ier. Il devient ensuite, sans doute offert par le roi d’Angleterre, la propriété de Gaillard de Got, frère du pape Clément V. Le château est alors reconstruit et devient une forteresse imprenable.

Le château de Duras et la famille Durfort

Les Durfort deviennent propriétaire du château par mariage et  par un jeu d’héritage un peu compliqué. Ils accolent alors à leur nom le nom de Duras et deviennent Durfort-Duras.

Au cours de la guerre de Cent ans, la famille conserve le château au gré d’alliances tantôt avec le roi d’Angleterre tantôt avec le roi de France. En 1377, le célèbre Du Guesclin, accompagné du duc d’Anjou, fait le siège de la forteresse sans pouvoir la prendre.

Siège et prise du château de Duras par les français en 1377, Bnf, département des manuscrits.

Siège et prise du château de Duras par les français en 1377, Bnf, département des manuscrits.

Le château est finalement confisqué à Gaillard IV de Durfort par le roi de France Charles VII, en 1453. Mais, à la fin de la guerre, en 1476, Louis XI fait preuve de clémence, il rétablit Gaillard IV de Durfort dans ses seigneuries de Blanquefort et de Duras

Blaise de Monluc, lieutenant-général de Guyenne -

Blaise de Monluc – ©Domaine public, New York Public Library.

Cependant, la trêve va être de courte durée à Duras car les Durfort rejoignent le clan protestant et s’engagent activement dans les conflits armés.

Duras est alors une place forte de premier plan et devient même un temps bastion protestant. La guerre fait rage, les deux camps s’affrontent durement et de nombreuses exactions sont commises de chaque côté. En 1562, au nom du roi, Blaise de Monluc, lieutenant-général de Guyenne, assiège Duras. La ville de Duras capitule le 1er août 1562.

 

 

La paix retrouvée, les seigneurs de Durfort se mettent au service du roi de France et bénéficient alors d’une ascension exemplaire : comte, puis marquis et enfin duc et pair de France.

Jacques-Henri de Durfort, premier duc de Duras

Jacques-Henri de Durfort, premier duc de Duras – ©Domaine public, Musée du Louvre

Le château doit être à la hauteur de la famille, il subit de nombreux aménagements et constructions et devient, au XVIIe, une très agréable demeure de plaisance. Au cours du XVIIIe siècle, le château connaît peu de transformation et semble même peu à peu laissé à l’abandon par ses propriétaires.
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A la Révolution, le château est déclaré bien national : le mobilier est pillé, les terrains près du château sont vendus aux enchères.

Le château redeviendra, entre entre 1807 et 1832, un temps possession des Durfort,  puis, à la suite d’un mariage, possession de la famille Chastellux. Vendu en 1883 au curé de la ville de Duras, le château connaît alors des heures noires avant de devenir, en 1969, propriété de la ville de Duras qui va assurer sa restauration.

Vue aérienne du château de Dura

Vue aérienne du château de Duras – Licence Creative Commons

Château de Duras : entamons la visite…

L’entrée et la cour d’honneur

Le château communique directement avec la ville de Duras et c’est par une avant-cour que l’on accède à la porte d’entrée. Les deux tours rondes qui entourent le mur d’enceinte ont perdu à la révolution les éléments défensifs.

Le corps principal

Le corps principal du château est constitué d’un quadrilatère avec quatre tours rondes aux angles. Au XVIIe siècle, deux corps de logis à galeries sont construits sur les soubassements  existants. Ils forment les côtés nord et sud d’une belle cour intérieure.

Des communs (la cuisine en sous-sol, l’atelier de ferronnerie…) aux magnifiques salles de réception (la salle des maréchaux, la salle de billard…), avec 30 salles ouvertes au public, le château de Duras mérite vraiment d’être visité. Du haut de l’une des tours, on n’oubliera pas de contempler le magnifique point de vue sur le château et sur la vallée du Dropt. On pourra terminer la visite en se promenant sur les balcons coursières uniques en France.

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