Petites chroniques périgourdines

Depuis 2000, le château de Villamblard renaît peu à peu de ses cendres

Façade arrière du château de Villamblard

A une vingtaine de kilomètres de Bergerac, Villamblard est un peu à l’écart des grands sites touristiques du Périgord pourtant, une visite s’impose car ce qui, dans le village, apparaît de prime abord comme des ruines sans importance mérite que l’on s’y arrête un peu. Certes, à la fin du XXème siècle, le château de Villamblard n’est plus que ruines, mais grâce à la municipalité et à l’association Wlgrin de Taillefer, depuis le début des années 2000, le château de Villamblard renaît peu à peu de ses cendres.

Quelques éléments d’histoire

Français ou anglais ?

Le château d’origine, sans doute fort ancienne, a été agrandi au XIIème siècle par la famille Barrière qui possédait plusieurs châteaux en Périgord dont le château Barrière à Périgueux. Quand l’Aquitaine devint anglaise, le château passe aux Anglais mais sera repris  par Foucaud de Barrière qui repoussa également plusieurs fois les Anglais hors de Périgueux. Ce Foucaud de Barrière est le plus ancien membre connu de la famille Barrière.

Pendant la guerre de Cent ans, une Jeanne de Barrière s’illustra par son courage mais la dernière descendante de cette famille est Anne de Barrière, fille de Boson de Barrière qui épousa Bardin de Lur le 26 janvier 1448.

 

Bataille d'Azincourt

Bataille d’Azincourt

Les guerres de religion

Après les Lur, le château passe ensuite aux mains des Talleyrand et des Calvimont avant d’être racheté en 1541, après un procès,  par Bertrand de Lur. Bertrand de Lur avait épousé par contrat passé au château de Cardaillac Jeanne de Cardaillac. Après le décès de Bertrand de Lur en 1551, Jeanne de Cardaillac qui avait des liens de parenté avec Jeanne d’Albret épouse la religion réformée qui se répand via Bergerac dans cette partie du Périgord. Elle transforme la chapelle du château en temple protestant et fait détruire l’église du village.

Portrait au crayon de Jeanne d'Albret, reine de Navarre. Recueil. Portraits dessinés de la Cour de France.

Portrait au crayon de Jeanne d’Albret, reine de Navarre. Recueil. Portraits dessinés de la Cour de France.

Bientôt les guerres de religion divisent le Périgord et pendant ces 36 ans de guerres civiles, le château est une place favorable à l’église protestante. Deux des fils de Bertrand de Lur et de Jeanne de Cardaillac, Jean et Michel de Lur, s’engagent dans le conflit aux côté des réformés.
Le château aura à subir plusieurs assauts des armées catholiques et servira également de refuge à des protestants obligés de battre en retraite.

Après le mariage d’Henri IV, les guerres reprennent  et en 1591,  le château est à nouveau assiégé par Blaise de Montluc. Après trois jours de combats, le château doit se rendre mais la famille de Michel de Lur, chambellan du roi de Navarre et époux d’Anne Raguier d’Esternay, réussit à s’échapper par un souterrain. La garnison ne sera pas malheureusement pas épargnée.

Une période plus faste

Les fils de Michel de Lur étant morts sans héritier, c’est sa fille aînée, Anne de Lur, qui hérite des biens. En 1599, Le château devient propriété des Taillefer suite au mariage d’Anne de Lur et de Daniel Grimoard de Taillefer. Les mariés s’installent au château de Villamblard.

Le château endommagé par les guerres va connaître des travaux de restauration. Un document de 1631 le décrit ainsi : « il est entouré de beaux et grands fossés taillés dans le roc, pleins d’eaux vives et pont-levis avec une belle et grande basse-cour entourée elle aussi de murailles et fossés ». 

Le château, jusqu’à la Révolution, ne connaîtra pas de nouveaux dommages et les membres de la famille de Taillefer s’illustrent au service du roi ou au service de dieu tel Henri-François-Anathase, abbé de Taillefer, docteur en théologie, archidiacre et vicaire général du diocèse de Périgueux, né à Villamblard le 2 mai 1733.

En 1761, Henri Wlgrin de Taillefer naît au château de Villamblard. Il fut maréchal des camps et armées du roi. Passionné par l’histoire du Périgord, il crée dans son château un « cabinets d’antiquités » (musée) où il expose pièces de monnaie, médailles, bronzes gaulois ou pierres sculptées gallo-romaine. Il est l’auteur des « Antiquités de Vésonne, cité gauloise remplacée par la ville de Périgueux ».

Musée d'art et d'archéologie du Périgord - Portrait de Wlgrin de Taillefer

Musée d’art et d’archéologie du Périgord – Portrait de Wlgrin de Taillefer

Après la révolution…

Pendant la révolution, le château va être pillé et les métairies vendues comme biens nationaux. Faute de pouvoir l’entretenir, Henri Wlgrin de Taillefer le vend en 1808 ou 1809 à la famille Lafaye. Ces derniers le loue pour en faire une caserne de gendarmerie. En 1824, la famille Murat en fait don à la municipalité de Villamblard.

Le château va ensuite vivre une lente agonie : les fossés sont comblés pour permettre le tracé d’une route, la grande tour sud est rasée en 1860 et en 1898, un violent incendie ravage ce qu’il reste de l’édifice. La tour de la chapelle, elle,  s’est effondrée en 1980.

Villamblard (Dordogne) ruines du château Barriere à Villamblard

Villamblard (Dordogne) ruines du château Barriere (XIIe, XIVe siècles et renaissance) – Bibliothèque numérique du Périgord. Source : Archives départementales de la Dordogne

Mais, tout n’est pas perdu car la commune de Villamblard, propriétaire des ruines du château, entreprend depuis les années 2000 d’importants travaux de rénovation. Elle est aidée dans ce projet par l’association Taillefer.

Château de Villamblard, un peu d’architecture

Le château Barrière, de forme presque carrée, entourée d’un double fossé, faisait environ 220 m de circonférence. Deux tours rondes, l’une au nord construite au XIVe siècle et l’autre au sud du XIe-XIIe siècle assurait la défense de l’édifice. Un pont-levis, situé entre deux tours carrées, conduisait à un porte ouvrant sur une petite cour. Au dessus de cette porte, une galerie datant de la Renaissance reliait les deux tours carrées.

Le corps de logis Renaissance possédait un escalier à vis et des caves voutées du XVe siècle. Au sud-est de l’ensemble, des communs furent construits au XVIIe siècle. La chapelle du château située dans la tour ronde (nord) était ornée de peintures représentant des sujets religieux ou des attributs symboliques. Depuis le pont-levis, on accédait à une magnifique terrasse plantée d’ormeaux de taille impressionnante. Le bas du château était réservé en temps de guerre aux hommes d’armes.

Les dessins d’Anatole de Roméjoux, fondateur et président de la Société Historique et Archéologique du Périgord, nous donnent une idée de ce que fût le château de Villamblard.

Visite du château de Villamblard

A la suite des importants travaux de restauration entrepris par la commune de Villamblard et l’association Wlgrin de Taillefer, il est désormais possible de visiter ce château. La visite est libre et gratuite et chacun aura a cœur de respecter les lieux.

A l’intérieur, le château est partiellement meublé. Une vidéo, à disposition des visiteurs, permet de comprendre l’histoire du château. On peut également y découvrir une très belle collection de chaudrons et de plaques de cheminées en fonte fabriqués en Périgord.

Ce site peu connu mérite vraiment une visite. Nous y sommes allés à plusieurs reprises et, la dernière fois, nos petits-fils nous ont accompagnés découvrant avec plaisir les différents pièces. Nous avons d’ailleurs appris, grâce à Baptiste le plus jeune, que c’était là qu’étaient entreposés les chaudrons de Poudlar !

Sources

  • GARRAUD Emmanuel. Antiquités périgourdines ou l’histoire généalogique et archéologique de Villamblard et de Grignols. Librairie de la Société impériale de l’Ecole des Chartes et de celles des Antiquaires de France, 1868.
  • SECRET Jean. Châteaux du Périgord 2. Nouvelles éditions latines. P 27,

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