Petites chroniques périgourdines

10 000 ans à pied, le circuit de randonnée pour remonter le temps

Mi-juin, notre groupe de marcheurs de l’ALEP se retrouve à proximité du château de Montréal pour une randonnée sur un circuit un peu particulier, le circuit historique d’Issac, 10 000 ans à pied. Cette sortie pilotée par Joëlle dans une campagne vallonnée et verdoyante va révéler de belles découvertes.

Origine de ce circuit historique

Ce circuit a été organisé, il y a une vingtaine d’années, par des élèves d’Issac dans le cadre d’un projet pédagogique sous la conduite de leurs instituteurs M. Ruiz et M. Marchand. Il permet de retrouver les traces, parfois très anciennes, d’une activité humaine ou de sites particulièrement remarquables le long du parcours.

Des maisons dans un environnement protégé

Notre randonnée débute à proximité du château de Montréal, l’endroit est boisé, vallonné, tranquille à souhait. Nous ne rencontrons pas de réelles difficultés, les chemins sont agréables, nous rejoignons parfois des routes goudronnées mais, nul véhicule ne nous dérange dans notre marche.

Nous pouvons admirer quelques maisons rénovées ou pas, quelquefois remaniées et agrandies, qui servent aujourd’hui d’habitat principal ou secondaire. Elles sont toutes situées dans un environnement très privilégié.

Un bond dans le temps, retour vers le Moyen-âge…

Nous quittons la zone habitée et les routes goudronnées pour nous enfoncer dans la forêt après avoir traversé une zone déboisée peu agréable à contempler. Mais, nous voilà dans les bois, les chemins sont larges, les arbres imposants, le paysage apaisant.

A un moment, le relief est un peu plus accidenté, nous nous trouvons au bas d’une butte très végétalisée. Si on ne connaît pas l’endroit, il est difficile d’imaginer que dans cette partie du bois, nous allons faire un bond dans le temps.

Vers la motte castrale

Guidée par Joëlle, nous grimpons à l’assaut de la butte, au milieu de la végétation et des rochers. Cette butte, en fait, comporte en son sommet les ruines d’une motte castrale, le château de Labatut, ancien fief réuni à celui de Montréal .

Du château, sous la végétation, il ne reste rien et il nous faut beaucoup d’imagination pour concevoir l’édifice féodal. Seule, la trace des anciens fossés extérieurs est vraiment visible. Mais, peu importe, c’est toujours très émouvant d’imaginer que ce lieu aujourd’hui isolé était autrefois habité. Il me faudra cependant faire quelques recherches pour mieux comprendre la structure des lieux.

Motte féodale ou motte castrale : définition

« La motte, qui mesure jusqu’à 100 mètres à la base et 20 mètres de hauteur, est un tertre en terre partiellement ou totalement artificielle, de forme ronde, au profil convexe ou tronconique, toujours entouré d’un fossé.(…).Sur la motte est érigée une tour en bois qui, après cinquante à cent ans de tassement, peut être remplacé par une tour en pierre. On y accède par une passerelle qui pend appui sur le bord extérieur du fossé et s’élève jusqu’au sommet de la motte. Celui-ci est entouré d’une palissade ou chemise qui forme un enclos et protège la base de la tour. » (Source : Dictionnaire du Moyen-âge – Histoire et société. Encyclopédia universalis, 1997).

Le cluzeau du château Labatut

Nous poursuivons la découverte des lieux, Joëlle nous conduit vers ce qui de loin semble être l’entrée d’un souterrain, mais, de plus près, on constate que l’entrée de ce souterrain est renforcée par un petit mur. En fait, il s’agit d’un cluzeau, sorte de souterrain-refuge fréquent en Périgord.

Un cluzeau ?

Le cluzeau, mot d’origine médiévale, désigne une cavité artificielle, un  abri aménagé par les hommes pour servir de refuge pendant les périodes troublées. Une grotte ou un abri naturel peuvent être à l’origine du cluzeau et l’aménagement peut être plus ou moins complexe : grotte à entrée aménagée, construction de murettes, galeries naturelles ou artificielles, puits d’extraction, systèmes de fermetures, des conduits….. Certains comportent une seule chambre, d’autres ont  plusieurs chambres.

Ces abris sont le plus souvent construits dans l’environnement d’une motte, d’un château, d’un puits ou d’un édifice religieux. Le cluzeau du château de Labatut a son entrée à l’extérieur de la motte, un peu en contrebas. Serge Avrilleau, dans son ouvrage, Cluzeaux et souterrains du Périgord*, nous en livre un plan et un description détaillée.

Plan du cluzeau de Labatut (Source : Serge Avrilleau)

Plan du cluzeau de Labatut (Source : Serge Avrilleau)

*Cluzeaux et souterrains du Périgord – T. 1 ‘( et b), Arrondissement de Bergerac [Texte imprimé] / Serge Avrilleau, B. et G. Delluc ; [publ. par  Libro-Liber, 1996] 

L’entrée du souterrain de Labatut est située à l’extérieur de la motte. Le souterrain comporte 2 salles reliées par des couloirs et l’ensemble de l’aménagement est construit vers la motte.

Le Bergeracois, une région riche en cluzeaux

Deux cents cluzeaux ont ainsi été recensés dans la région de Bergerac avec une forte densité dans la région de Villamblard. Dans l’ouvrage cité ci-dessus, Serge Avrilleau en fait un inventaire extrêmement détaillé et documenté.

Cette randonnée des 10 000 ans m’a conduit à en savoir un plus sur les vestiges historiques qu’elle recèle et je découvre au travers de mes recherches des informations sur des monuments moins connus ou prestigieux que les châteaux ou églises mais ô combien mystérieux et passionnants.

A suivre…

Après l’observation du cluzeau, nous avons repris notre randonnée, en route vers une nouvelle découverte un peu inattendue en Périgord mais… je vous en dirai plus dans une prochain article.

2 Commentaires

  1. Pingback: La tourbière du Laquin, un lieu insolite en Périgord

  2. grillon marie

    j’adorerais faire la randonnée ….. 🙂

    Répondre

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.