La nouvelle est un peu étonnante et pourtant, le temps de ce week-end de la Pentecôte, la ville de Bergerac a réuni l’élite de la culture occitane. En effet, le congrès annuel du félibrige (Santo-Estello) et toutes les festivités qui l’accompagnent se sont tenus cette année à Bergerac élevant momentanément notre cité au rang de capitale de l’Occitanie.
J’ignorais tout de la Sainte-Estelle et c’est un peu par hasard que nous avons découvert la présence de groupes occitans dans notre ville. Nous sommes donc partis ce dimanche matin, avec Jules, à la rencontre de tout ces amoureux de l’Occitanie.
Arrivés devant l’église, nous découvrons sur le parvis des gardians sur leurs chevaux. Assez inhabituel n’est-ce pas ?
L’atmosphère est bon enfant. Quelques musiciens revoient leurs morceaux. Ici et là, des groupes en costumes attendent le départ du défilé. Les Abeilles bergeracoises se mettent en rang, elles sont à l’honneur aujourd’hui. Le grand défilé des groupes des Maintenances va bientôt démarrer.
Mes grands-mères périgourdines parlaient le « patois », mon père et ma famille bretonne parlaient breton quant à moi, je ne me suis pas vraiment sentie concernée par l’apprentissage de l’une ou l’autre de ces langues mais, dans les années 60, parler « patois » ou breton avait quelque chose de négatif. Cela ne m’empêche pas aujourd’hui de me sentir périgourdine, ce blog en témoigne, mais aussi bretonne, française et européenne…
Pendant le défilé des maintenances, en discutant avec une félibre mainteneur, j’ai découvert quelques aspects de la Saint-Estello et j’ai eu envie d’en savoir plus sur ce félibrige.
Le félibrige
Le félibrige est à l’origine une association littéraire fondée en 1854 par un petit groupe de poètes dans l’objectif de restaurer et d’illustrer la langue et la littérature provençale. Ce mouvement naît en Provence car c’est dans cette région que sont imprimés l’essentiel des textes rédigés en occitan.
Rapidement, ce petit groupe va incarner le renouveau de la langue occitane et en 1862, le félibrige devient une association structurée dotée de statuts qui s’appui sur 50 félibres qui rejoignent le félibrige par cooptation. Frédéric Mistral en est un des fondateurs et en sera le principal leader jusqu’à sa mort en 1914.
A l’origine, le félibrige a pour ambition de regrouper l’élite occitane dans le domaine de la littérature, des arts et des sciences mais, dans un premiers temps, c’est essentiellement la littérature qui est représentée.
En 1855, le félibrige publie un Almanach, entièrement rédigé en Provençal, l’Armana Prouvençau (encore publié de nos jours) et en 1859, Frédéric Mistral publie Mirèio et le Tresor dóu Felibrige, premier dictionnaire provençal-français embrassant les divers dialectes de la langue d’oc.
Les nouveaux statuts adoptés en 1876 ouvrent plus largement l’association, les 50 félibres de l’origine deviennent des félibres majoraux et des félibres mainteneurs dont le nombre n’a pas de limite peuvent rejoindre l’organisation. De plus, le félibrige se donne alors pour mission de sauvegarder la langue des pays d’oc, mission qui était limitée à la Provence à l’origine. En 1914, l’association compte plus d’un millier d’adhérents.
Aujourd’hui, le félibrige est une organisation présente sur les 32 départements de langue d’oc. Au delà de sa mission d’origine de défense et de promotion de la langue d’oc, le félibrige oeuvre pour que soit reconnu la diversité culturelle et linguistique en France et dans le monde.
Organisation actuelle du félibrige
Le capoulié
Obligatoirement félibre majoral, le capoulié préside le félibrige. Il est élu à vie par cooptation. Il est assisté par un secrétaire (baile), un trésorier (clavaire) et des assesseurs (assessour).
Les félibres majoraux
Les félibres majoraux (felibre majourau) sont élus à vie par cooptation et détenteurs d’une cigale d’or et composent le consistoire, gardien de la philosophie du félibrige.
Les félibres mainteneurs
Les félibres mainteneurs (felibre mantenèire) adhèrent au félibrige pour défendre la langue des pays d’oc. Ils sont répartis en 6 régions administratives appelés des maintenances (mantenènço). Le félibrige compte six maintenances : Aquitaine, Auvergne,Gascogne-Haut-Languedoc, Languedoc-Catalogne, Limousin, Provence.
La reine
Le lauréat de grands Jeux Floraux, ou concours littéraires, nommé maître en gai-savoir, a le privilège de choisir la Reine du Félibrige. Accompagnant souvent le Capoulié, la Reine a pour insigne un rameau d’olivier en argent. Elle préside la cour d’amour, spectacle hérité des troubadours, où se mêlent danses, chants et poésies. Dimanche après-midi, place du Marché couvert, avait lieu la cour d’amour présidé par la nouvelle reine.
La Sainte-Estelle ou Santo-Estello
Dès l’origine, le félibrige s’est placé sous la protection de sainte Estelle (étoile) et a pris comme symbole une étoile à 7 branches en souvenir des 7 fondateurs. Le congrès (Santo-Estello) du Félibrige est la réunion annuelle statutaire de l’association. Elle se déroule chaque année dans une ville différente d’Occitanie et donne également lieu a des manifestations et des festivités centrés autour de la langue d’oc.
Sources
Site du Félibrige : http://www.felibrige.org/le-felibrige/
Philippe MARTEL, « Le Félibrige : un incertain nationalisme linguistique », Mots. Les langages du politique [En ligne], 74 | 2004, mis en ligne le 24 avril 2008, consulté le 21 mai 2018. URL : http://journals.openedition.org/mots/4273.
Bravo pour cet article !
Merci pour toutes ses informations claires qui permettent de comprendre ce qu’est le Félibrige !
Et qui nous permet aussi de réaliser combien il est important de garder, entretenir et faire grandir nos si belles « racines « …
Merci ! 🙂
Article très clair pour permettre aux curieux d’en savoir un peu plus ! Merci.
Merci pour votre commentaire encourageant. 🙂